La Baie de Prony est située dans le Sud de la Grande Terre, près du canal Woodin, qui la sépare de l'île Ouen.
Ce canal est non seulement un passage privilégié pour la naviguation, mais aussi pour une faune sous-marine très importante (baleines, requins... tout ce que l'on qualifie de "gros"). Les tombants y sont très abrupts, tout le long d'un rivage escarpé .

La baie de Prony est très grande et la végétation luxuriante tout autour, une vraie jungle.
Elle se compose de 3 rades : La Grande Rade à l'Ouest, avec le village de Prony construit par la pénitentiaire sur sa rive Nord et, au milieu de la rade, l'îlot Casy avec un hôtel restaurant du type colonial ; à mi-chemin entre village et îlot, la fameuse "aiguille de Prony" . La Rade du Nord, avec son petit îlot Gabriel et, noyés dans sa jungle, seulement accessibles par la mer, encore des vestiges du bagne, tout le long d'une rivière serpentueuse, jusqu'à de belles cascades. La Rade de l'Est (Bonne Anse), propice au mouillage derrière le Cap Ndoua, excellent point de vue pour observer les baleines.

Deux heures déjà que nous naviguons depuis Nouméa. Nous entrons dans la Baie de Prony avec l'impression insolite de nous retrouver sur un lac de haute montagne, environné d'un relief vert et ocre, parsemé de pins colonaires, qui donne ce cachet caractéristique aux massifs miniers du Sud de la Grande Terre calédonienne.

Nous ralentissons pour nous embosser sur une balise. Nos sommes à la verticale d'une curiosité géologique UNIQUE AUX MONDE. Imaginez un grand édifice sous-marin de forme pyramidale ayant plusieurs mètres de diamètre à la base, sur un fond de 38 mètres et culminant à 2 mètres de profondeur par une plate-forme de 4 m².

Cette construction naturelle est une des trois émergences principales de sources thermales du secteur. Par analogie avec les autres édifices présents dans le lagon, cette construction était, voici quelques années, considérée à tort comme un récif corallien. Il s'agit d'une formation réalisée par précipitation chimique du mélange eau thermale-eau de mer, produisant de la brucite, associée à la calcite, aragonite et un peu de burbankite. Jean Launay, géologue à l'ORSTOM de Nouméa étudia et mit en évidence ce phoénomène.

La surface est d'huile... De temps en temps le bruit des remous d'une chasse de bonites, ou les cris d'une sterne déchirent le silence. Dernier contrôle des commandes de mes flashes, je prends l'embout et bascule. Un banc de petites carangues s'approche sans aucune frayeur. J'évolue en spirale autour de cette énorme pyramide complètement colonisée par les bivalves. Des massifs de coraux, çà et là ont trouvé un support et concrétionnent l'ensemble.

Poursuivant la descente, j'apprécie la compagnie de quelques loches et de nombreuses rascasses tropicales. Une poussière de latérite rouge brique tapisse le fond de la baie. Le moindre coup de palme lève un brouillard, interdisant tout velléité de prises de vues. Je controune une seconde aiguille, haute de cinq mètres, décalée du grand ensemble. Un regard vers la surface et c'est une impression de fantastique, d'irréel, d'un ailleurs. Je n'ai plus mes références habituelles. Ces "stalagmites", entourées de petits poissons très colorés (chromis), nous rappellent que nous sommes bien dans des eaux marines tropicales et non dans une quelconque grotte terrestre. Du fond, je pars en exploration dans des directions rayonnantes à partir du centre de l'aiguille. Je ne trouve partout qu'un tapis de boue monotone. Cette pyramide domine un désert... de vase.

Emmêlées aux aspérités des parois, beaucoup de lignes de pêche, en nylon de fort calibre, témoignent qu'existe en ce lieu, un phénomène saisonnier particulier : la fraie des "mères loches" : en décembre, les mérous sont légion et attirent les pêcheurs. Dans cet environnement désertique, l'aiguille de Prony fait office d'oasis en permettant une concentration maximum d'organismes marins. Sur les plus vieux filins sont fixées des grappes d'huîtres zig-zag.

Ce phénomène de la nature, particulièrement intéressant pour les géologues, n'a pas non plus laissé indifférent le cinéaste Luc Besson. Après avoir équipé le pourtour de cette "cathédrale" d'une batterie de projecteurs, il a réalisé la tanlentueuse séquence que l'on peut voir dans son film "Atlantis".

L'aiguille de Prony ofre aux plongeurs l'assurance d'une visite des plus insolites, d'un spectacle fantomatique, original, rencontré nulle part ailleurs et qui fait naître de fortes émotions.

Texte : Pierre Larue.

Les plongées possibles :

• l''Aiguille de Prony (plongée tous niveaux, lampe étanche conseillée, formations similaires jusqu'à - 47 mètres)
  Le très fameux tombant de l'îlot NOUARÉ (plongée en dérive, tous niveaux)
  Le Canal WOODIN (plongée en dérive, tous niveaux)
  Le jardin de Corail (plongée tous niveaux)
  Le Récif GUÉ (plongée tous niveaux, tombant vertical jusqu'à - 85 mètres)
  Passe de la SARCELLE (Niveau 2 très confirmé, plongée en dérive)

Repas :

BBQ à bord (2,500 F), ou repas perso.

Cette sortie convient parfaitement aux accompagnants non-plongeurs, qui peuvent en profiter pour découvrir l'aiguille depuis la surface et découvrir aussi l'ensemble de la baie et les environs de Prony / Havannah / Ile Ouen.

Sorties prévues : voir le Programme.