La "DIEPPOISE" Patrouilleur "P655"

Au SOMMAIRE de cette page (lien direct en cliquant sur le texte) :

Le 19 janvier 1988, la Dieppoise, dernier patrouilleur en bois de la Royale, était pétardée dans le lagon de Nouméa, sous le vent du récif Tabou.
Elle avait à son actif 35 années de service dont 11 en Nouvelle-Calédonie.

Cette "première" dans les traditions de la Royale (les navires de guerre sont traditionnellement coulés par très hauts fonds) transformait le bâtiment en récif artificiel ; un "must" pour les plongeurs calédoniens et tous ceux en visite sur ce Territoire français du pacifique.

Cette page est dédiée à tous ceux qui ont servi sur ce patrouilleur, et que l'on peut désormais appeler "les anciens" ; grade acquis inexorablement au fil des ans, conférant le privilège de l'expérience, mais aussi du souvenir.
Merci donc marins de la Royale pour vos témoignages, mémoires du passé de ce navire, au sein duquel nous avons le privilège de plonger, tout au long des coursives que vous avez foulées et qui nous mènent vers un plaisir partagé, celui de la mer, des bateaux et des hommes.

Photo Gérald Debruyne (à la barre)

Depuis Port Arthur...

La Dieppoise est née à Port Arthur au Canada, le 21 juin 1952 ; elle fut basée successivement à Brest en 1961, Diego Suarez en 1972 et à Nouméa le 29 juin 1976.
Elle a participé activement à la surveillance maritime et aux diverses missions d'aide aux populations de la région.
Le Patrouilleur, après un trajet de 454 972 miles nautiques sous le pavillon tricolore, se désagrègera lentement dans la mer de corail, pour le plus grand plaisir de bien des générations de plongeurs ; son nom figure déjà sur les carnets de plongée du monde entier.

10 minutes des derniers instants du P 665...
Après 454 972 miles nautiques et 19 commandements

Photos "Les Nouvelles calédoniennes"

Le pétardage...

L'ordre de circonstance du 30 décembre 1987 émanant du commandant de la Marine précisait que l'ex-patrouilleur La Dieppoise serait immergé par pétardage dans le lagon, le matin du 12 janvier 1988.

Le cyclone tropical "Anne" obligea à repousser cette date, et c'est le 19 janvier que, remorqué par le "Pivert", la Dieppoise gagna le lieu de sa dernière demeure.

On évacue les quatre derniers marins restés à bord pendant l'ultime convoyage, débutent alors les préparatifs de sabordage : une charge explosive à l'avant, une charge explosive à l'arrière, justes suffisantes pour ôter quelques mètres carrés de bois dans les fonds.
. "Mise à feu imminente" annoncent les haut-parleurs de la Glorieuse.
Les discussions cessent, tous les regards se tournent vers la masse grise.
. "mise à feu dans deux minutes ! "
9h17 : première explosion, premier panache de fumée, suivi, 30 secondes plus tard, d'un second.
En 4 minutes, la coque affiche une gîte babord très prononcée.
A 9h25, l'eau atteint le liston. On assiste à la silencieuse agonie du Patrouilleur P 655.
L'eau monte toujours, l'inscription P. 655 commence à disparaître... l'arrière s'enfonce... le niveau atteint l'écubier. Il ne reste plus rien des chiffres noirs qui ont identifié le patrouilleur La Dieppoise.
A 9h30, un dernier bouillonnement d'écume blanche l'emmène à tout jamais vers une nouvelle destinée.

La plongée...

Après plus de 19 années au fond de l'eau, la coque en bois est complètement vermoulue ou a disparue et dévoile parfaitement les détails intérieurs du navire.
Sa structure en aluminium AG3 lui garanti une bonne tenue à l'érosion, à la fois pour le plaisir et la sécurité des plongeurs.

La plupart des compartiments sont le refuge d'une multitude d'alevins à l'époque des éclosions.
Le passage dans la coursive centrale débouche dans la salle à manger équipage, mitoyenne à celle des officiers.
La salle de timonerie, plus lumineuse, est un des passages obligés, surplombé du siège du Pacha, des feux de signaux et de la salle à carte (voir photos).

Position GPS :
22° 29' 10 S" et 166° 26' 40 E
L'épave repose debout, sur un fond de 26 mètres, au Nord du récif Tabou, à l'abri des vents dominants.

C'est une belle plongée, le corail évolue bien sur l'épave et la faune y est abondante, avec des passages de carangues ou de barracudas en chasse dans les superstructures.
Souples, gracieuses et merveillement décorées, les "limaces de mer" (nudibranche) y sont souvent observées : Noumea catalai et Chromodoris leopardus.

Photos s/marines et construction
de cette page :
Raoul Monthouël
Noumea Diving
Clin d'oeil du passé : AVANT (dessus), APRÈS (dessous)
Clin d'oeil du passé : AVANT (à gauche) et APRÈS (à droite)

Le potentiel touristique...

La Dieppoise est rapidement devenue un haut lieu du tourisme plongée en Nouvelle-Calédonie, elle fut la première d'une série de 4 autres belles épaves immergées dans notre lagon, à des endroits plus ou moins judicieux*, mais relevant d'une initiative inconstestablement utile au développement de notre activité, du tourisme et à celui de l'écosystème sous-marin.

Il est bien dommage que le service du patrimoine et des moyens de la Province Sud ait donné une suite défavorable, en 2006, au sabordage du pétrolier "Konemu", pourtant spécialement préparé à cette fin, ce à quoi je m'étais personnellement employé en qualité de président du syndicat des plongeurs professionnels (SPPNC).

Le dossier était bien avancé, presque bouclé, mais finalement ce navire fut coulé par grands fonds à l'extérieur du récif barrière et contre l'avis de tous les professionnels de la plongée qui se sont exprimés.

Espérons qu'en faisant découvrir, à tavers cette page, le réel potentiel que peux générer l'immersion dans notre lagon d'épaves choisies et dépolluées, les futurs décideurs auront une nouvelle vision de ce genre d'initiative, permettant au corail de se fixer, aux alevins de se développer, à la faune en général de se camoufler et à nos bateaux de plongée de s'amarrer facilement sans jeter leurs ancres...

* Le "Toho V" navire acier, coulé a proximité du récif Tabou et de la Dieppoise risque de compromettre la parfaite homogénéité des matériaux de cette dernière, dont la structure est entièrement en aluminium et a parfatitement résisté à plus de 19 années d'immersion. Mais, du fait de couples électrolytiques favorisés par l'eau salée et la structure acier du Toho V, trop proche, une telle erreur pourrait bien être fatale à la Dieppoise, la rendant potentiellement dangereuse par effet d'electrolyse avec l'aluminium et d'affaissement. Ce risque aurait pu être facilement évité et devrait faire l'observer d'une attention particulière.
* Le "Corail", petit navire de 16 mètres, aurait pu être coulé près d'une autre petite épave existante, aux environs de l'îlot Maître, le "Sun Burnt" ; au lieu de cela, il a été immergé du côté opposé, sans aucun intérêt pour la plongée du fait de sa taille et de l'environnement sous-marin.
* Le pétrolier "Konemu" a définitivement disparue de la surface des océans, de notre patrimoine et bientôt de notre souvenir. Par sa taille, il aurait non seulement fait une magnifique épave, permettant l'amarrage de plusieurs bateaux de plongée, mais ses réservoirs (ouverts judicieusement) auraient pu être un lieu de refuge extraordinaire pour la faune, présentant bien moins de danger que le dédale de coursives et de salles habituellement rencontrés sur les épaves de navires à passagers.

Il convient de rappeler ici, que l'exploration à l'intérieur d'épaves est une activité de spécialistes et fait l'objet d'un cours de formation, pouvant être dispensé à tout plongeur confirmé, en s'adressant à un centre de plongée ou à un instructeur qualifié.

Remerciements :
Raoul MONTHOUEL
NOUMEA DIVING
Photos sous-marines
Construction de cette page
Gérald DEBRUYNE
Photos et documents d'archives, commentaires personnels

Les démarches...

Il y quelques jours, Gilbert CASTET président de l'associaton "Fortunes de mer Calédoniennes" m'aborde et attire gentillement mon attention sur certains oublis dans cette page, notamment concernant le mérite de Monsieur Michel BEAUMONT et de quelques autres.
Je reproduis donc ici l'extrait du livre "Naufrages en Nouvelle-Calédonie" réalisé par l'association au sujet de la Dieppoise :

"En 1986, la presse locale nous apprenait que le Patrouilleur La Dunkerquoise serait définitivement désarmé et coulé en haute mer, à l'occasion d'un exercice de tir, traditionnel dans la Marine Française. Immédiatement, il est apparu à de nombreux plongeurs de Nouvelle-Calédonie, que le navire pourrait devenir un exceptionnel site de plongée s'il était immergé dans le lagon. Michel BEAUMONT, membre de Fortunes de Mer, entamait des démarches dans ce sens, mais hélas, trop tardivement. La providence voulut que le sister-ship, la Dieppoise, arrivât également en fin de potentiel en juillet 1987. Les démarches avaient là des chances d'aboutir.
En juillet 1987, Jacques MAINGUET, président du comité Régional de la Fédération Française d'Etudes et de Sports Sous-Marins, présentait un projet à Philippe du COUEDIC de KERGOALER, administratreur des affaires matirimes, qui coordonnait toutes les démarches.
En juillet 1987, le Capitaine de vaisseau DESGREES du LOU, commandant la Marine et l'Aéronavale en Nouvelle-Calédonie, obtenait du Ministère de la Défense et du Haut-Commissairiat de la République, les autorisations indispensables. Le dossier fut complété par les avis faborables du Comité pour la Protection de l'environnement et de l'Association pour la Sauvegarde de la Nature Néo-Calédonienne.

Enfin, le conseil d'administration du Port Autonome de Nouméa et son Président, P. MULLER, offraient la prise en charge des frais des travaux de pompage et de nettoyage des soutes à combustible, afin d'éliminer tout risque de pollution.

  • Le point capital était alors le choix du site d'immersion. Plusieurs conditions devaient être remplies :
    L'écart des routes maritimes
  • La proximité de Nouméa
  • La profondeur, entre -20 et -30 mètres
  • L'abri des vents dominants
  • La clarté de l'eau
  • Un mouillage sûr.

Michel BEAUMONT proposa la partie Ouest du récif TABOU, à proximité du Phare Amédéé et son infrastructure touristique.

Sunburnt Country

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