Sur mon écran, le tracé était le même que lorsque nous passions sur une grosse épave, telle que la Dieppoise.
Etait-ce une épave de la dernière guerre ? Un bateau ? Un avion ?
Une chose était certaine, ça ne pouvait qu'être intéressant, vu la configuration des lieux : aucun récif alentour, proximité du chenal du phare Amédée, courant.
Presque deux ans se sont écoulés, avant que des conditions exceptionnelles m'incitent à réduire les gaz et à faire demi-tour, dans notre sillage parfais, sur une mer d'huile.
Naoko est encore équipée après ses deux plongées matinales, elle change rapidement de bouteille, se tient prête et saute à l'eau à mon signal. Elle disparait... Nous attendons.
Alors ?.. Elle n'est pas remontée à bord que je la questionne déjà.
Elle me lance : "requins, barracoudas, plein de poissons, énorme patate...".
Je suis étonné par la présence de requins Dagsit à l'intérieur du Lagon, l'endroit doit vraiment être intéressant et poissonneux.
Ok, décision est prise : demain sortie journée et photos ! Vu le temps superbe, tous les plongeurs sont ravis, ils ont tous prévus de revenir le lendemain.
Je retrouve rapidement la position avec l'électronique du bord, une bouée est jetée et je saute à l'eau à mon tour. Je descends, je distingue une grosse masse sombre... Un banc de carangues vient dans ma direction, immédiatement suivi d'un banc de bécunes. Je me pose sur le fond de sable à 26 mètres, près d'une magnifique gorgone dont le rouge claquerait superbement avec mon flash... la patate en arrière plan. Pas de bol.
C'est étonnant, les poissons sont toujours là, autour de moi, ils se rapprochés à moins d 'un mètre dans mon dos. Des ludjans arrivent, ils tournent dans tous les sens et commencent à me suivre lorsque je me déplace. Comme si je les nourrissais, mais il n'en est rien. Aucun poisson n'a d'appréhension : ils viennent me voir... Ce coin n'a jamais été chassé ! D'ailleurs comment aurait-il pu être trouvé ?
10 mètres plus loin je marque un autre arrêt, près d'un magnifique arbre de corail vert ; les barracoudas sont de retour, ils viennent lentement dans ma direction, j'ai l'oeil dans mon boîtier et lorsque je m'extirpe de la focale de 11mm, ils ne sont qu'à une longueur de bras.
Je continue le tour de la patate, et je vois que je suis déjà à 20 minutes de plongée... C'est le temps maximum que j'avais annoncé avant de sauter à l'eau. Il faut remonter. La suite vous appartient.
Raoul MONTHOUEL
NOUMEA DIVING